Tuesday, August 21, 2012

Naissance d'une passion


Un beau dimanche ensoleillé, je flânais ces belles rues de Paris au sol plein de pierres et de dalles. Ce sol que j'aime tant parcourir et que secrètement j'ose imaginer en fermant les yeux que c'est une ère du Moyen-Âge sur lequel mes pieds reposent et trainent tandis que je m'arrête pour regarder dans les fenêtres ouvertes de ces petits cafés des Marais où les gens se payent le luxe de dire: "Aujourd'hui, je ne travaille pas, je dis tout haut et tout fort que mes amis valent tout l'or du monde!"

Moi, seul, savourant mon seul jour de repos à travers un horaire esclavant de jour et nuit, entre études et travail, je veux juste m'évader un peu, trouver un peu mon petit Paris magique dont mes aïeuls parlaient avec des soupirs d'une Belle Époque qui semble tellement loin et pourtant si proche.

Au tournant d'une petite rue, j'aperçois une ouverture avec le beau ciel bleu et la Seine qui s'écoule sous les petits ponts de pierre. J'emboite le pas vers le plus beau, le plus pierreux et le plus rustique petit pont pour le simple plaisir de traverser un pont de Paris et m'arrêter à contempler cette fameuse rivière qu'on appelle "La Seine", et c'est là...

C’est là que je découvris une de mes passions. Un couple, bien habillé, s’installe vers ma gauche sur le pont. L’homme avec un chapeau melon, dépose une radio avec haut parleur et fais jouer une musique langoureuse et charmante : un tango. La dame, avec ses beaux souliers à talons hauts et sa belle robe ouverte sur le côté, sourit et regardant La Seine, comme s’inspirant de cette douce musique qui commence à jouer. L’homme se relève avec ses beaux souliers noirs et son pantalon qui tombe droit à ses pieds. Il marche d’un pas long et décidé vers la dame et s’arrête à un mètre d’elle avec un sourire. D’un geste décidé, il lève le bras gauche, coude vers le sol, à quarante cinq degré du corps avec la paume ouverte face à la dame, comme l’invitant à se rapprocher et mettre sa main dans la sienne. Chose qu’elle fit en emboitant un pas et souriant. Elle ferma sa main dans la sienne et enlaça son autre bras autour de sa nuque doucement, comme le glissement d’un serpent. L’homme récidiva en embrassant le dos sous les omoplates de la dame de son bras droit. Et soudainement, un couple s’était enlacé devant d’une manière que je n’avais vu avant… Comme un corps à quatre jambes.

Ensemble, ils se mirent à glisser le sol et le caressa avec chaque pas, comme un félin envouté par la cette musique étrangère et d’une puissance qui donnait envie de me laisser emporter par elle. Une série de pas ensemble au rythme de la musique se transforma en un des spectacles les plus envoutants que j’avais vu de ma vie. Je ne sais combien de temps je suis resté, mais il est clair que j’en oubliait toutes mes pensées et la notion du temps. Comme si pendant quelques instants tout avait été mis en suspens pour éclairer ce couple dansant sur un pont de Paris un beau Dimanche d’été ensoleillé. Quand même habitué de voir des spectacles dans les rues de Paris, regardais autour et cherchait le fameux chapeau où l’on dépose nos monnaies quand on apprécie la performance, mais ce coup-ci, je fus encore plus déboussolé car il y en avait pas!

Mais qu’elle était cette danse qui peut-être si Belle qu’un couple décide de la danser par pure passion un beau dimanche ensoleillé sur un pont de Paris sans ne demander quoique que ce soit en échange des admirateurs passants comme moi? Cette danse et cette musique qui inspire tellement qu’on en retrouve la gratuité de l’expression, juste parce qu’on a envi, juste parce qu’elle est Belle et on aime ça… sans demander rien en retour.

C’est ce jour que je découvris le Tango pour la première fois et qui fut le coup de foudre d’une longue histoire d’amour jusqu’à ce jour et jusqu’au dernier.

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